Dépassée

Depuis que je suis maman, je me suis souvent remise en question, par rapport à mes choix, mes attitudes, mes réactions dans certaines situations. Mais je ne me suis encore jamais sentie dépassée.

Depuis que Bourricot a rejoint notre fine équipe, c’est une autre histoire.

Il y a des jours, des semaines où tout se passe bien. C’est un garçon plutôt gentil, plutôt serviable, intelligent, discret. Il participe à la vie de la maisonnée, fait sa vie de lycéen, semble se prendre en main, ramène de sacrés bonnes notes à la maison. Il est fier de lui dans ces cas-là, et il a bien raison.

Et puis tout à coup, tout dérape. Un matin, sans prévenir, pas de Bourricot. Bourricot est sous sa couette, Bourricot reste dans son lit. Et on le retrouve à 17h, émergent à peine, l’œil brillant, la paupière lourde. Parce qu’il n’a pas envie d’aller en classe. Parce qu’il n’y arrive pas, c’est plus fort que lui. Parce que quel que soit le discours qu’on peut lui tenir, il y a des jours où il est envahit d’une fatigue si lourde à porter qu’il est incapable de se lever.

C’est arrivé une fois et on en a parlé. C’est arrivé deux fois et on l’a secoué. C’est arrivé trois fois et on s’est énervés.

Mais là, cette fois, j’avoue que je me sens un peu dépassée.

PS: la photo n’a rien à voir, je l’ai prise pendant une petite balade en forêt dimanche. A la base, je ne suis pas une fille des bois, mais je crois bien que je vais finir par le devenir!

Passe ton bac d’abord!

Comment lui faire comprendre?

Comment lui faire comprendre que:
* Être poli, être aimable, c’est simplement la moindre des choses.
* Participer à la vie de la maisonnée, mettre la table, débarrasser la table, ce n’est pas nous faire plaisir, c’est juste normal.
* Nous faire des crêpes le dimanche, c’est fort sympathique, mais qu’il n’est pas obligé; que ce n’est pas ça qui nous fera lui pardonner ses mensonges, ses absences; que ce n’est pas ça qui nous redonnera confiance en lui. Que malgré tout ça, et bien que cela nous fatigue, on l’aime quand même, et qu’il a sa place à la maison.
* Faire son fier devant ses nouveaux camarades de classe, se penser plus malin qu’eux et les prendre de haut, c’est justement tout sauf malin; et que ça ne dit pas grand chose de lui sinon un certain manque de maturité. Il ne connaît pas les codes de ce lycée de banlieue, il ne connaît pas les vies de ces gars des cités, et arrive là comme un âne, à donner raison à cette image de jeune parigot bobo un brin trop fier de lui.
* Qu’il est intelligent, certes, mais qu’être intelligent, c’est parfois savoir faire profil bas, savoir qu’on ne sait pas et savoir demander de l’aide lá oú c’est nécessaire, pour continuer à avancer en arrêtant de trébucher.
* Que l’année dernière, c’est une chose, une année à mettre entre parenthèses, les aléas de la vie nous autorisant parfois à prendre quelques chemins détournés. Mais que cette fois-ci, ce serait vraiment du gâchis.
* Que jouer les moutons, c’est vrai, ce n’est pas une vie. Mais qu’il ne s’agit pas de ça ici. Que justement c’est de se vie à lui dont il s’agit. De cette année, mais de celles qui vont suivre aussi. De tous ces choix qu’il ne pourra pas faire sinon, de tous ces rêves qu’il ne pourra pas s’autoriser sinon. Parce qu’il en a des rêves, et qu’ils passent tous par cette première étape.

Alors bon sang, Bourricot, grande bourrique, tu veux disserter, sur l’inaptitude des profs, sur l’inutilité de poser tes fesses sur les bancs du lycée, sur les stéréotypes véhiculés par les jeunes de ta classe, sur le fait que « c’est pas juste », que « c’est nul », que « c’est des nazes », que « de toute façon, tout ça tu connais déjà »?

D’accord, Bourricot, d’accord… Mais passe ton bac d’abord! Et on en reparlera l’année prochaine.

Y’a un ado qu’habite chez moi !

Depuis le mois d’août, notre toute tranquille petite vie de famille a pris une tournure imprévue.

Fier comme un coq, aussi vif qu’un paresseux, Bourricot est venue rejoindre la Solidar’Bande!

Un troisième enfant, déjà âgé de 18 ans, qui nous a propulsés dans le monde des parents d’adolescents.

Souhaitez-nous bonne chance… et si j’ose, je vous ferai partager mes petites enquêtes sociologiques!